31 May 2012 - Suzanne M. Benoît, President of Aéro Montréal, delivers remarks at the Association des MBA du Québec's Fasken Martineau luncheon

Suzanne M. Benoît, President of Aéro Montréal, delivers remarks at the Association des MBA du Québec's Fasken Martineau luncheon

Distingués invités de la table d’honneur,

Chers collègues de l’aérospatiale,

Mesdames et messieurs,

Bonjour.

Je suis très heureuse d’être parmi vous ce midi, à cette tribune qui me tient particulièrement à cœur, en ma qualité de MBA mais également à titre d’ancienne administratrice du conseil de l’AMBAQ. 

Aujourd’hui, j’ai le privilège de m’adresser à un auditoire de prestige et de vous livrer les secrets d’une industrie qui est un véritable pilier pour l’économie québécoise, et dans laquelle j’œuvre à présent depuis plusieurs années. Permettez-moi de commencer par vous livrer quelques faits saillants qui caractérisent notre industrie.

Au Québec, le secteur aérospatial emploie actuellement un peu plus de 42 000 travailleurs, à un salaire moyen de 67 000 $ par année, comparativement à une moyenne de 40 000 $ tous autres secteurs confondus. L’industrie aérospatiale québécoise se situe ainsi au 6e rang mondial au niveau des effectifs derrière les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, et l’Italie.

Bon an mal an, l’industrie aérospatiale québécoise compte pour 55 % des ventes totales canadiennes du secteur et génère un chiffre d’affaires de près de 12 milliards de dollars, dont 80 % provient de l’exportation. C’est le premier secteur manufacturier en termes d’exportations au Québec.

La performance exceptionnelle du secteur aérospatial québécois est l’œuvre d’une filière industrielle qui s’appuie sur quatre grands manufacturiers parmi les principaux chefs de file mondiaux :

  • Bombardier Aéronautique,
  • Pratt & Whitney Canada,
  • CAE,
  • et Bell Helicopter Textron canada.

Ceux-ci évoluent aux côtés d’une quinzaine d’équipementiers intégrateurs de renom comme Héroux-Devtek, Esterline CMC Électronique ou Sonaca Montréal et de près de 200 PME spécialisées. 

En plus d’héberger d’importants centres d’excellence et de prestigieuses maisons d’enseignement technique et universitaire en aérospatiale, la grande région de Montréal représente à elle seule plus de 98 % de l’activité québécoise de l’industrie. Près d’une personne sur 92  travaille dans ce domaine.

On utilise souvent la donnée suivante pour illustrer notre remarquable capacité industrielle :  

Montréal est la seule ville au monde où l’on peut se procurer la quasi-totalité des composantes d’un aéronef dans un rayon de 30 km.

Ce que cette donnée nous apprend, c’est l’incroyable expertise dont nous disposons et qui représente une des grandes forces de notre industrie.

Montréal est une des trois capitales mondiales de l’Aérospatiale avec Seattle et Toulouse. Elle dispose d’un statut privilégié qui repose sur deux principales forces :

  • la qualité de sa main-d’œuvre
  • ses compétences en recherche et développement.

Le Québec est effectivement choyé de pouvoir compter sur une main-d'oeuvre hautement qualifiée et sur des employés passionnés par les produits qu’ils conçoivent et fabriquent.

Qui plus est, l’industrie regorge d’entrepreneurs astucieux, courageux, passionnés et dévoués à leur travail qui, dans plusieurs cas, ont transformé des entreprises locales en des fleurons de notre économie et sans contredit des joueurs de calibre mondial.

Cette fois encore, leur succès s’explique par la qualité des gens qui les entourent. Qu’ils soient ingénieurs, techniciens ou ouvriers, leur expertise continue d’être reconnue au Québec, comme à l’international.

L’industrie aérospatiale québécoise possède par ailleurs une capacité d’innovation exceptionnelle qui lui permet de se positionner comme un chef de file mondial.

Au Québec. Près de 1 milliard de dollars sont chaque année investis en recherche et développement soit près de 70 % des dépenses totales en matière de R-D au Canada pour le secteur de l’aérospatiale seulement.

Qualité de la main d’œuvre et capacité d’innovation : deux forces qui distinguent l’industrie aérospatiale québécoise à l’Échelle internationale et qui, j’en suis certaine, permettront à notre secteur de profiter des opportunités de croissance qui s’offrent à lui pour les prochaines années.


Une compétitivité qui passe par la concertation

Au-delà de sa main-d’œuvre et de ses capacités d’innovation, l’industrie aérospatiale québécoise s’illustre notamment par son incomparable dynamique de concertation.

La création même d’Aéro Montréal, qui regroupe les entreprises de l’industrie, les centres de recherche, les maisons d’enseignement, les syndicats et les associations, telle que le Consortium de Recherche et d'innovation en aérospatiale du Québec (mieux connu sous le nom du CRIAQ) ou le Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale du Québec (le CAMAQ), sont d'excellents exemples.

Depuis sa fondation en 2006, Aéro Montréal a identifié différents enjeux propres au secteur et mis en place une série de chantiers de travail. Ces groupes de réflexion stratégique, composés principalement de représentants de l’industrie, des milieux de l’éducation, des associations, des gouvernements et des syndicats, s’efforcent de mener à bien des projets structurants au service du secteur aérospatial.

Cinq chantiers de travail de nature stratégique sont présentement actifs au sein d’Aéro Montréal

  • le Chantier Image, visibilité et rayonnement,
  • le Chantier Innovation,
  • le Chantier Chaîne d’approvisionnement,
  • le Chantier Relève et main-d’œuvre
  • et le Chantier Défense et sécurité nationale.

C'est plus de 120 personnes, en provenance de l'industrie, qui participent activement et sur une base bénévole à l'avancement des différents chantiers. Leur objectif: faire progresser notre secteur et mettre en place des initiatives et projets qui vont maintenir notre industrie parmi les meilleures au monde.

La dynamique de concertation qui anime l’industrie a fait ses preuves et c’est ainsi qu’en avril dernier, Aéro Montréal et l’AQA (l’Association québécoise de l’aérospatiale) qui représentait les PME du secteur se sont regroupés sous la bannière Aéro Montréal.

Cette décision de l’industrie de rassembler ses forces vives afin de parler d’une seule voix, en se dotant d’un forum de concertation encore plus fort et uni, a mené à la mise en place d’un nouveau chantier de travail au sein d’Aéro Montréal, dédié à la promotion et au développement des affaires des PME du secteur aérospatial : le Chantier Commercialisation et développement de marchés.

Cette volonté de consolider toutes les forces de l’industrie permet de créer une cohésion encore plus grande entre les PME, les équipementiers, les maîtres d’oeuvre et les acteurs institutionnels de l’industrie. 

Cette synergie, c’est elle qui nous permettra de demeurer un pôle aérospatial compétitif et attractif à l’échelle mondiale dans le futur.

Des perspectives encourageantes et des efforts pour MAINTENIR les acquis

et les perspectives de l’industrie sont bons puisqu’au cours des 20 prochaines années, c’est une croissance forte du  secteur de l’aviation commerciale comme d’affaires qui est anticipée. 

Les grands avionneurs mondiaux s’attendent à des augmentations annuelles moyennes du trafic aérien de 5 % d’ici 2030.  

Pour l’aviation commerciale seulement, CETTE Augmentation du trafic aérien devrait se traduire par la nécessité de livrer 27,800 nouveaux appareils selon Airbus et 33,500 selon Boeing.

Cette simple prévision nous permet d’estimer qu'une moyenne annuelle de 1,500 appareils devront être livrés entre 2011 et 2030, soit environ 50 % de plus que les livraisons effectuées par ces deux constructeurs en 2011, qui s’est avérée une année record.

Et cette prévision ne touche que le marché de l’aviation commerciale auquel il faut ajouter les prévisions de croissance encourageantes du marché de l’aviation d’affaires.

Plusieurs nouveaux modèles d’avions, dont certains proviennent de Bombardier Aéronautique, voleront d’ailleurs dans les prochaines années : je pense ici au C Series, qui volera d’ici la fin 2012, au Learjet 45 et 85, ou encore au Global 7000 et 8000.

Autant de prévisions qui sont susceptibles d'avoir des répercussions positives sur l'industrie aérospatiale québécoise.

Pour me permettre une métaphore propre au secteur et si l’on peut prédire un avenir sous des cieux cléments pour notre industrie, il importe de demeurer conscients qu’au-delà de la conjoncture économique actuelle – notamment européenne — des changements importants animent les marchés et amplifient les défis de notre secteur.

En effet :

  • Les marchés se mondialisent : les économies à faibles coûts telles que la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et le Mexique sont de plus en plus présentes et des nouveaux joueurs de poids comme la Russie, le Brésil et le Japon se multiplient.

Cette dynamique a pour conséquence une augmentation rapide de la concurrence au sein de notre secteur exacerbée par une implication accrue des gouvernements qui ont fait de l’accès au marché aéronautique occidental une priorité.

Et cette concurrence accrue nous affecte de deux façons : soit, par une perte de marché au bénéfice des nouveaux venus; soit, par une perte d’emplois engendrée par des expansions qui prennent la forme d’implantations nécessaires vers les pays à bas coûts afin de protéger la compétitivité de nos produits. Un enjeu de taille.

  • Les défis au sein de notre secteur sont également amplifiés par des enjeux à caractère environnementaux. En effet, l’augmentation du trafic mondial qui est à prévoir représente un impact environnemental substantiel et notre industrie n’a d’autre choix que de réfléchir à certaines mesures qui permettront de rendre cette croissance durable;
  • Un autre des défis qui nous touchent est celui du renforcement de la chaîne d’approvisionnement. Nombre de fournisseurs se rationalisent pour rencontrer les exigences des grands maîtres d’œuvre et la tendance à la délocalisation dans notre secteur, que j’ai évoqué précédemment, n’est pas sans fragiliser la chaîne d’approvisionnement québécoise;
  • Enfin et de plus en plus, l’accès aux capitaux devient difficile.

Certes, notre industrie se porte bien et les perspectives de croissance sont encourageantes. Mais il faut néanmoins demeurer vigilant. Je suis en ce sens personnellement convaincue que la dynamique de concertation qui est celle de la grappe aérospatiale québécoise sera un des facteurs déterminants du succès de notre industrie pour les années à venir.

Plusieurs initiatives concrètes marquent d’ailleurs les efforts réalisés par l’industrie dans les dernières années pour consolider ses acquis.

Des initiatives concrètes

Je pense ici notamment à la démarche concertée des acteurs de la grappe aérospatiale qui a permis au projet mobilisateur de l’avion plus écologique de voir le jour.

Ce projet ambitieux et visionnaire est issu de la Stratégie gouvernementale québécoise de la recherche et de l’innovation – mieux connue sous le nom de SQRI- et doté d’un budget public-privé de 150 millions de dollars sur 4 ans.

Il s’agit d’une initiative concrète et qui vise à  maintenir le leadership de l’industrie en matière d’innovation et assurer sa compétitivité à long terme en lui permettant de développer les technologies qui se retrouveront sur les avions et les hélicoptères des prochaines générations : nouvelles aérostructures en composites, compresseurs plus verts pour les moteurs, avionique modulaire pour les cockpits et les systèmes critiques et nouvelle génération de trains d’atterrissage.

L’industrie aérospatiale québécoise s’est ainsi donnée pour mission de développer cinq projets de démonstration technologique qui jetteront les bases de l’avion de l’avenir ici même au Québec. Elle souhaite développer des avions qui, en incorporant plusieurs nouvelles technologies, seront plus légers, plus performants, plus silencieux et, plus soucieux de l’environnement. 

De grandes entreprises québécoises ont mis l’épaule à la roue. Bombardier Aéronautique, Bell Hélicopter Textron Canada, Pratt & Whitney Canada, Esterline CMC Électronique, Thales Canada, et Héroux-Devtek investiront 80 millions de dollars sur quatre ans pour la portion privée du projet.

Ce projet est un de ceux qui auront un impact majeur sur les équipementiers et les PME de l’industrie. Il leur permettra de s'élever dans la chaîne d’innovation et, à terme, dans la filière manufacturière mondiale.

Le fait d’associer les PME du Québec aux 5 grands projets de démonstration technologiques permettra ainsi aux PME participantes d’améliorer leur positionnement sur les plateformes du futur.                                  

Un autre exemple probant de l’incomparable concertation qui anime l’industrie aérospatiale du Québec réside dans la mise en place de l’initiative MACH : un programme d’optimisation de la chaîne d’approvisionnement aérospatiale québécoise et de ses acteurs.

Le paysage de l’approvisionnement dans notre industrie vit, comme je viens de l’évoquer, une mutation accélérée.

Dans un contexte de mondialisation des marchés et de compétition accrue, les grands donneurs d’ordre et les maîtres d’oeuvre réduisent le nombre de leurs fournisseurs, et privilégient des compagnies en mesure de leur proposer des solutions intégrées et de gérer de nombreux sous-traitants. (On réfère ici à une catégorie d’entreprise connue sous le nom d’intégrateurs).

Cette tendance pousse au développement de partenariats entre les maîtres d’oeuvre et les fournisseurs, allant de la conception jusqu’à la gestion des risques technologiques, opérationnels et financiers.

De plus en plus dépendants de la performance de ces collaborations pour se démarquer auprès de leurs clients, les maîtres d’oeuvre doivent se munir d’une chaîne d’approvisionnement flexible et intégrée où chacun des maillons ajoute une valeur à leur offre.

Conséquemment, et pour se positionner sur les futurs programmes d’aéronefs, les PME québécoises doivent améliorer leurs pratiques d’affaires, innover au niveau technologique ainsi qu’en matière de gestion et s’aligner sur les attentes et les besoins des maîtres d’oeuvre et des grands intégrateurs mondiaux.

C’est la mission que s’est donnée l’initiative MACH : renforcer les entreprises et la structure de la chaîne d’approvisionnement en misant sur les liens privilégiés de collaboration entre clients et fournisseurs.

Elle s’assure également de la mise en oeuvre de stratégies et de projets qui aideront à combler les écarts en matière de capacités d’intégration québécoises.

Elle aspire, par conséquent, au développement d’une chaîne d’approvisionnement de classe mondiale.

Centré sur un programme de développement de la compétitivité des fournisseurs incluant un audit annuel qui conditionne l’octroi d’un label de performance (de MACH 1 à MACH 5), l’ensemble des moyens déployés dans le cadre de l’initiative MACH permettent aux fournisseurs de se situer, d’identifier leurs opportunités d’amélioration et d’y travailler.

Lancée en 2011, dans le cadre d’un programme public-privé de 15 millions de dollars, auquel contribuent directement le ministère de Développement économique, Innovation et Exportation ainsi que la Commission des partenaires du marché du travail, l’initiative MACH se déploiera sur cinq ans.

Si l’industrie travaille de façon concertée en matière de recherche et développement ainsi que relativement aux enjeux qui ont trait à la chaîne d’approvisionnement, elle cherche également à relever le défi de la relève en intéressant les jeunes à des carrières en sciences et plus précisément en aérospatiale.  

C’est à cet égard qu’Aéro Montréal a pris en 2009 un engagement ferme envers la cause de la persévérance scolaire et a déployé une tournée d’animations scientifiques intitulée « Ça plane pour moi! » visant à démystifier l’univers de l’aérospatiale et à promouvoir les carrières stimulantes du secteur auprès d’élèves de 5e et 6e année du primaire des écoles de la grande région de Montréal.

Grâce à cette initiative inédite, plus de 5 000 élèves ont jusqu’à présent été initiés aux procédés de fabrication d’un avion, et ce, grâce au soutien du Conseil du Loisir Scientifique de la région Métropolitaine (CLSM) et de la Fondation de la Société des Ingénieurs de l’Automobile du Canada (SAE) ainsi qu’à l’implication d’une dizaine d’entreprises du secteur qui encouragent leurs employés — des ingénieurs et des techniciens — à devenir des sources d’inspiration pour les jeunes en participant activement aux animations scientifiques dans les écoles.

Examen des programmes et des politiques de l'aérospatiale par le gouvernement fédéral

Dans le cadre de ses efforts de concertation et de mobilisation, notre industrie fait équipe avec le gouvernement du Québec, mais elle collabore également avec le gouvernement fédéral.

En 2010, nous avons notamment participé à l’examen du soutien fédéral de la recherche-développement, dont les recommandations contenues dans un rapport – le rapport Jenkins — ont été déposées à l’automne dernier.

L’exercice, commandé par le gouvernement canadien à un groupe d’experts, visait à fournir des avis et des recommandations relatives à l’efficacité des programmes fédéraux qui soutiennent la R-D en entreprise.

Quelques mois après le dépôt du rapport Jenkins, le gouvernement fédéral entame une révision complète des différents programmes et des politiques de l'aérospatiale et de l'espace à l’échelle canadienne.

Et fait intéressant, à ce point-ci, l’aérospatiale est la seule industrie canadienne de pointe qui fait l’objet d’une étape d’analyse supplémentaire. 

Cette démarche, qui va transformer l’environnement dans lequel le secteur évolue pour les 20-30 prochaines années, interpelle grandement notre industrie. Et c’est d’une seule voix qu’elle prend part à l’exercice.

Le 27 février dernier, le ministre de l'Industrie, l'honorable Christian Paradis, a officiellement lancé la démarche d’examen des politiques aérospatiales actuelles dans le but d'explorer comment le gouvernement, l'industrie et les autres intervenants clés du secteur peuvent mieux répondre aux principaux enjeux auxquels ils font face.

Il a chargé l’ancien ministre de l’Industrie David L. Emerson de diriger l'examen et de présenter ses conclusions à la fin 2012. Six comités stratégiques de réflexion ont été mis en place et c’est en grand nombre que les représentants du secteur ont répondu présents à l’appel.

Seule province canadienne à compter dans ses rangs quatre (4) donneurs d’ordres, le Québec est largement représenté au sein des groupes de travail et notre industrie contribue activement et de manière concertée à 5 des 6 comités stratégiques :

  • Le Développement, démonstration et commercialisation de la technologie;
  • L’Accès aux marchés et développement de marché;
  • Les Marchés publics liés à l'industrie aérospatiale;
  • Le Développement de petites entreprises et de la chaîne d'approvisionnement;
  • Et finalement, les Gens et compétences.

À l’issue de cette analyse approfondie des programmes et politiques gouvernementaux en matière d’aérospatiale, plusieurs recommandations incontournables se dégagent d’ores et déjà au sein d’Aéro Montréal.

J’aimerais ce midi vous faire part de certaines d’entre elles que nous proposerons sous peu au gouvernement fédéral :

Simplifier le régime de crédits d'impôt

Nous sommes en effet d’avis que le programme de la recherche scientifique et du développement expérimental (RS & DE) est très complexe et trop de petites entreprises doivent faire appel à un consultant externe pour les aider à présenter une demande. Il en résulte que plusieurs finissent par se décourager et n'en présentent aucune, ce qui les prive d'une partie ou de la totalité du crédit d'impôt qu'elles auraient pu recevoir.

La recommandation de l’industrie est à l’effet que le régime gagnerait à être simplifié.

Aéro Montréal recommande par ailleurs que la baisse du taux général de crédit d'impôt à l'investissement de 20 % à 15 % annoncée au dernier budget pour les grandes entreprises – un incitatif fiscal à l’innovation crucial — soit compensée par un crédit remboursable comme le propose le rapport Jenkins. Nous recommandons également au gouvernement fédéral :

D’encourager les programmes de démonstrateurs technologiques

Le succès de l’industrie aérospatiale passe désormais par le développement de technologies de pointe qui répondent aux exigences opérationnelles incombant aux maîtres d’oeuvre, mais également à des obligations réglementaires et environnementales accrues. 

À l’instar du projet mobilisateur de l’avion plus écologique mis en place par le gouvernement du Québec auquel j’ai référé plus tôt dans ma présentation, Aéro Montréal propose que le gouvernement fédéral soutienne l’industrie aérospatiale canadienne par la mise en place d’un programme-cadre national de soutien à la recherche aérospatiale, incluant le soutien à des démonstrateurs technologiques. Ce programme permettra aux manufacturiers sous-traitants canadiens de se doter du savoir-faire nécessaire pour soumissionner sur les plates-formes technologiques des avions du futur.

Il convient ici de s’inspirer de l’Union européenne qui a mis en place l’initiative Clean Sky, un programme-cadre pour la recherche et développement (PCRD) doté d’un budget de 1,6 milliard d’euros sur une période de 4 ans.

Notre industrie suggère également d’ :

Améliorer la compétitivité de la chaîne d’approvisionnement canadienne

Je l’ai mentionné plus tôt, la chaîne d’approvisionnement mondiale se transforme à la faveur de sous-traitants performants, responsables de la conception, la fabrication et l’assemblage de systèmes intégrés complexes. Ces sous-traitants doivent être plus compétitifs et plus innovants.

Conçue pour combler les écarts de compétitivité et renforcer les liens privilégiés entre clients et fournisseurs dans l’industrie aérospatiale, l’initiative MACH, décrite précédemment, achève sa première année d’opération et révèle des besoins criants des PME.

À l’instar d’autres expériences nationales comme l’initiative supply chain – SC 21 en Grande-Bretagne, nous sommes d’avis qu’avec le soutien du gouvernement du Canada, l’initiative MACH pourrait être déployée auprès d’un plus grand nombre d’entreprises québécoises et éventuellement en fonction de l’appui des autres gouvernements provinciaux à l’ensemble des sous-traitants canadiens de l’aérospatiale.

Notre industrie propose par ailleurs au gouvernement fédéral de :

Nourrir la vocation des jeunes en matière d’aérospatiale

L’industrie aérospatiale canadienne est actuellement aux prises avec des défis majeurs de relève considérant que 50 000 nouveaux employés devront être recrutés dans les 20 prochaines ANNÉES pour maintenir le taux de croissance de l’industrie. 

À l’heure où une vague massive de départs à la retraite s’amorce et qu’une concurrence de plus en plus féroce pour les ressources qualifiées sévit dans les pays économiquement matures (É-U, Europe), ainsi que dans les pays « émergents » en aérospatiale (Chine, Inde, Russie, Japon), l’industrie canadienne compte sur le soutien du gouvernement fédéral pour mettre sur pied un programme de sensibilisation des jeunes Canadiens aux carrières scientifiques et technologiques et aérospatiale. 

Si nous voulons être en mesure de limiter notre dépendance à l’attraction des talents étrangers, il est impératif que nous maintenions nos efforts pour développer nos propres cerveaux en instillant notamment le goût des sciences chez nos jeunes.

 Pour promouvoir les carrières dans le domaine auprès des plus jeunes, Aéro Montréal a mis en place en 2010 l’animation « Ça plane pour moi! », à laquelle je faisais référence plus tôt. Nous sommes convaincus qu’avec le soutien du gouvernement du Canada, cette initiative ou d’autres programmes similaires pourraient être déployés à grande échelle et profiter à l’ensemble des jeunes Canadiens.

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CONCLUSION

Le Québec est choyé d'être un leader mondial dans un secteur voué à une forte croissance et en pleine évolution.

Mais s’il fait figure de proue aujourd’hui,

c’est qu’il a su identifier, par avance, les enjeux de demain,

qu’il a bénéficié du précieux soutien de ses partenaires gouvernementaux pour y faire face et

qu’il a su tirer profit d’une dynamique incomparable de concertation de son industrie.

Aéro Montréal a vu le jour grâce à cette volonté du secteur de rassembler ses forces vives autour d’objectifs communs. Aéro Montréal entend continuer de porter et de faire entendre la voix unifiée de nos maîtres d'œuvre, nos équipementiers et nos PME québécoises et de déployer les initiatives nécessaires en vue d'optimiser la compétitivité, la croissance et le rayonnement de toute notre industrie.

Je vous remercie de votre attention.