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Un aperçu du développement de l’industrie aérospatiale au Québec

Les êtres humains ont toujours voulu voler. Les Québécois ne font pas exception. Depuis plus d’un siècle, l’industrie aérospatiale a grandi ici, au point de faire de Montréal le troisième centre aérospatial du monde. Voici, en quelques bribes, cette merveilleuse histoire.

Les débuts

Le premier embryon de l’industrie aérospatiale montréalaise est apparu en 1903 avec la fondation de la Canadian Marconi. Cette entreprise va évoluer vers le secteur aérospatial et deviendra, en 2001, Esterline CMC Électronique. Il faudra attendre 1907 pour que le montréalais Laurence J. Lesh effectue les premiers vols planés au Canada. M. Lesh utilise un planeur remorqué par des chevaux ou des voitures.

Le développement des activités commerciales de l’aviation prend du temps à s’organiser au Canada. C’est finalement en 1919 que le premier vol commercial aura lieu au départ du Lac-à-la-Tortue. À bord de La Vigilance, Stuart Graham effectue des vols de surveillance pour les feux de forêt. Son épouse, Madge Graham, est devenue la première Canadienne équipière de bord lorsqu’elle a accompagné son mari lors de vols entre la Nouvelle-Écosse et le Québec. Il sera imité en 1922 par la compagnie Laurentide Air Service qui débute ses activités en Abitibi. Cette dernière établira en 1924 le premier service aérien régulier au Québec reliant Angliers à Rouyn en Abitibi.

 

https://ingeniumcanada.org/aviation/collections-recherche/artefact-curtiss-hs-2l-la-vigilance.php

Durant les années 20, l’aviation commerciale continue de faire des progrès avec l’ouverture de l’aéroport de Saint-Hubert en 1927. C’est le plus vieil aéroport canadien à demeurer en service continu. « Un mât d’amarrage d’une hauteur de 205 pieds (62,5 m) fut construit spécifiquement pour recevoir ces dirigeables. Au mois d’août 1930, le R-100 effectua une visite de treize jours au pays. Des vols locaux vers Ottawa et Toronto eurent lieu. Plus de 600 000 visiteurs affluèrent durant cette période pour jeter un regard sur le dirigeable. »

1928 : La grande impulsion

C’est en 1928 que débute une autre page importante de l’histoire de l’aérospatiale montréalaise avec la fondation de Pratt & Whitney Canada. L’entreprise, fondée par James Young, effectue alors des réparations et des entretiens sur les moteurs Wasp.

En 1936, le premier succès technologique et commercial de l’industrie aérospatiale canadienne arrive sur le marché. Cette année-là, Noordyun livre son premier Noseman à la Dominion Skyways Limited de Rouyn. Le Norseman est le premier véritable avion de brousse et il a donné accès au Nord canadien. Plus de 900 Norseman ont été livrés partout dans le monde.

 

Air Canada débute ses opérations aériennes en 1937 sous le nom de Trans-Canada Airways. Son siège social est à Montréal, elle est la plus grande compagnie aérienne du Canada avec plus de 30 000 employés.

Les années de croissance

Lorsque l’aéroport de Dorval ouvre en 1941, il sert d’abord au convoyage des bombardiers vers l’Europe. Mais rapidement après la guerre, il devient la première base d’importance d’Air Canada. Le caractère international de Dorval se confirme en 1949, avec l’établissement de la liaison Montréal-Amsterdam par KLM. Il s’agit d’une des plus vieilles liaisons transatlantiques.

Immédiatement après la guerre, la croissance de l’industrie du transport aérien au Québec s’accélère. En 1946, le syndicat d’aviation du Golf ainsi qu’Air Rimouski sont fondés. Six ans plus tard, les deux compagnies fusionnent pour créer Québecair.

 

Héroux, aujourd’hui Heroux-Devtek, à sa fondation en 1942

1947, marque une autre page importante de notre histoire aérospatiale avec la fondation de la Canadian Aviation Electronic (CAE) par Laurent Thériault et Kenneth Patrick. Si, au début, la compagnie œuvre dans la réparation d’équipements d’avionique, elle commencera sa migration vers la fabrication de simulateurs durant les années 60. Aujourd’hui, CAE est le plus grand fabricant de simulateurs au monde et détient plus de 80 % des parts du marché.

La maturité industrielle

À partir des années soixante, l’industrie aérospatiale montréalaise arrive à maturité et amène des innovations importantes et connaîtra plusieurs succès commerciaux.

C’est ainsi qu’en 1961, Pratt & Whitney Canada lance les essais du moteur PT6. Avec son arbre d’entrainement libre et son entrée d’air à l’arrière plutôt qu’à l’avant, le PT-6 révolutionne le monde des moteurs à turbine à gaz. Il a été amélioré à plusieurs reprises et il est toujours en production. Ses ventes annuelles dépassent encore la concurrence presque 60 ans plus tard. Son faible coût d’exploitation a fortement contribué au développement de l’aviation générale et de l’hélicoptère en particulier. Avec plus de 51 000 exemplaires livrés, il est le moteur le plus vendu de l’histoire de l’aérospatiale.

Le PT-6 de Pratt & Withney Canada

À nous la lune !

Contrairement à ce qu’aura retenu l’histoire, c’est un pied québécois qui, le premier, a foulé le sol lunaire. Ce pied, c’est celui du module lunaire de la mission Apollo 11. Il avait été fabriqué par Heroux-Devtek, à Longueuil en banlieue de Montréal. Ce succès fut certes un grand pas pour l’humanité, mais aussi pour l’industrie aérospatiale montréalaise.

 

Canadair : La naissance d’une grande fierté canadienne

De son côté, Canadair réalise un moment important de son histoire avec la livraison du premier bombardier à eau CL-215 à la sécurité civile française. Les Européens vont adopter ce pompier des airs qui est surnommé le Canadair et est devenu une icône de l’industrie aérospatiale québécoise.

Les origines du Canadair remontent à la Vickers Ltd., fondée en 1923 et achetée par des Canadiens en 1927. Canadair a produit plus de 4000 avions, surtout militaires. La réputation des avions-citernes CANADAIR CL-215 et CL-415 n’est plus à faire. Les bombardiers d’eau sont particulièrement efficaces pour combattre les feux de forêt. Ils sont utilisés partout sur la planète et font la fierté des Canadiens.

Canadair établira également une autre marque importante avec le premier vol du Challenger 600 à l’automne 1978. Plus de quarante ans après ce vol historique, le Challenger est toujours en production alors qu’il est le seul avion d’affaires à avoir été vendu à plus de 1 000 exemplaires. Le Challenger est la définition même de l’innovation, la qualité et le raffinement.

 

L’espace, la dernière frontière

L’arrivée des années 80 permet à l’esprit d’innovation et la créativité des hommes et des femmes qui œuvrent dans l’industrie aérospatiale montréalaise de faire sa marque partout sur la planète et dans l’espace.

Le monde entier a vu le « Canadarm » à l’œuvre sur les navettes spatiales. Il a été fabriqué par la société MDA de Montréal, en 1981. Le projet est officiellement lancé en 1974. Sous la supervision du Conseil national de recherches Canada (CNRC), un groupe d’entreprises composé de DSMA Atcon, mais également de Spar Aerospace et CAE débute la conception du bras canadien.

 

 

Livré à la NASA en avril 1981, le bras canadien est utilisé pour la première fois dès la seconde mission de la navette spatiale Columbia (STS-2) qui décolle le 13 novembre 1981. Toutes les navettes spatiales ont utilisé à un moment ou un autre le bras canadien. L’année suivante, le québécois Marc Garneau devient le premier Canadien à voyager dans l’espace à bord de la navette Challenger.

Le satellite canadien Radarsat est lancé en 1995. Bien qu’il ait été conçu avec une durée de vie de 5 ans, il demeurera en usage jusqu’en 2012. L’année suivante, l’agence spatiale canadienne est fondée et choisit Saint-Hubert pour installer son siège social.

La grappe aérospatiale se consolide

Alors qu’elle gagne en volume, la grappe aérospatiale montréalaise devient de plus en plus attrayante pour les entreprises étrangères et Bell Flight inaugure son usine de Mirabel en 1986. L’usine est devenue un maillon important du fabricant d’hélicoptères et participe actuellement au développement du premier taxi aérien.

 

Bombardier : De la motoneige au CSeries

Lorsqu’à l’été 1986, le président et chef de la direction de Bombardier, M. Laurent Beaudoin, signe les documents pour l’acquisition de Canadair des mains du gouvernement canadien, il fait la promesse de développer cette industrie. Trois ans plus tard, il tient parole alors que le programme d’avion CRJ est officiellement lancé à l’automne de 1989.

Bombardier livre le premier CRJ à Lufthansa en 1992, le millième CRJ en 2003. Le CRJ est le plus grand succès commercial de l’industrie aérospatiale québécoise et canadienne avec près de 1950 livraisons. Le CRJ et le Challenger 600 ont structuré l’industrie aérospatiale québécoise lui permettant de prendre un essor considérable.

Dans la décennie 90, Bombardier continue de développer sa division aéronautique alors qu’en 1993, la version turbo-hélice de l’iconique CL215, le CL415 effectue son premier vol. Viendra ensuite le premier vol du Global Express en 1996. C’est le plus gros avion d’affaires de Bombardier et il comporte plusieurs innovations. Depuis 2007, les livraisons annuelles de Global dépassent celle du Challenger 600. Avec l’arrivée des versions 5500, 6500 et 7500, le succès du Global pourrait éclipser celui du Challenger 600.

 

Le nouveau millénaire : Les années MRO

Jusqu’en 2002, le secteur de l’entretien, réparation et révision était peu développé au Québec ; la création de Premier Aviation à Trois-Rivières change la donne. La qualité de son service lui permet de connaître une très forte croissance. En 2017 elle est le plus gros fournisseur canadien de service d’entretien réparation et révision. Cette année-là, elle vend ses installations de Trois-Rivières (Qc) et de Windsor (Ont) à AAR.

Bombardier aéronautique continue son ascension durant le début du 21e siècle avec la livraison du premier Challenger 300 en 2003. Dans les années qui suivent, il se taille la réputation enviable de l’avion d’affaire le plus fiable. En 2018, il a été l’avion d’affaires le plus vendu. En 2004, Bombardier lance officiellement la C Series et c’est en 2008 qu’il décroche sa première commande d’importance alors que Lufthansa passe une commande ferme de 30 appareils.

 

Le secteur spatial québécois continue de se développer alors que le satellite Radarsat 2 ira rejoindre son prédécesseur en orbite en 2007 et il est toujours en usage.

Alors qu’en 2013, tous les yeux sont tournés vers Bombardier et la C Series, Héroux-Devtek arrache des mains du géant UTC et de sa filiale B.F. Goodrich le contrat de fabrication du train d’atterrissage du Boeing B777 ainsi que celui de la conception et de la fabrication du B777X en développement.

2013 est également l’année du premier vol du C Séries. Envers et contre tous, la C Series entre en service avec la compagnie SWISS en juillet 2016. Conçu spécifiquement pour le marché des avions de 100 à 150 passagers, le programme compte de très nombreuses innovations. La cession du contrôle du programme à Airbus en juillet 2018 permet au Québec et au Canada d’être le cinquième membre du consortium Airbus. Depuis, le géant a regarni le carnet de commandes et redonne un second souffle à l’A220. Dans la catégorie des avions de 100 à 150 passagers, l’A220 permet des économies de plus de 20 % par rapport à la génération d’avions précédents.

 

 

La mission de la Constellation RADARSAT (MCR) est la nouvelle génération de satellites canadiens d'observation de la Terre. Les trois satellites identiques, dont le lancement a eu lieu le , évolueront en formation pour fournir aux Canadiens des solutions à des défis importants.